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Gestion Financière

Défendez bien la valeur de votre entreprise !

Le dirigeant d’entreprise peut être amené à solliciter son expert-comptable pour mener une évaluation d’entreprise. Les occasions sont nombreuses (rachat des parts d’un associé, transmission de la clientèle à un repreneur…). En général, l’évaluation est formalisée dans un rapport détaillant l’historique de l’entreprise, un diagnostic stratégique, une analyse de ses comptes annuels, le détail des méthodes de valorisation utilisées, et en conclusion la valeur retenue.

Cependant, le dirigeant n’est pas forcément préparé à négocier le prix de vente de son entreprise.

Malheureusement, les rapports d’évaluation contiennent rarement des indications quant aux pistes de négociation à envisager.

Présentation des méthodes d’évaluation d’entreprise

Pour rappel, les méthodes d’évaluation d’entreprise sont fondées sur différentes méthodes :

  • Patrimoniale : Cette méthode consiste à calculer un actif net réévalué à partir des capitaux propres qui figure au passif du bilan auquel on réévalue les actifs et les passifs à leur valeur de marché,
  • Comparable : Cette méthode consiste à valoriser l’entreprise en fonction de multiples de valorisation appliqués à des ratios financiers (principalement l’Excédent Brut d’Exploitation (EBE) ou l’EBITDA) qui ont été constatés lors de transactions antérieures au sein des entreprises du même secteur,
  • Flux de trésorerie actualisés (DCF) : Cette méthode consiste à valoriser l’entreprise en fonction des flux de trésorerie futurs actualisés.

Les angles d’approche dans le cadre de la négociation

Dans la phase de négociation sur le prix, il faut tout d’abord s’attacher à analyser les modalités de la détermination de la valeur de l’entreprise qui a été mené par l’évaluateur.

  • La revue des valeurs de référence retenues (Historique de CA, d’EBE, de résultat net…),

La crise sanitaire de la COVID-19 a suscité de fortes diminutions de chiffre d’affaires. Ainsi, dans la perspective de la mise en œuvre d’une évaluation d’entreprise, il convient de sous-pondérer ou d’éliminer les données relatives à l’année 2020.

Il faut également vérifier que l’EBE a fait l’objet de retraitements tel que la rémunération du dirigeant doit être ramené à une valeur de marché. Il existe d’autres retraitements (amortissement, crédit-bail…).

Enfin, il faut veiller à ce que le résultat exceptionnel ne soit pas intégré dans le calcul de la CAF (Capacité d’Autofinancement) dans le cadre de la méthode des flux de trésorerie actualisés. Le résultat exceptionnel ne pourra pas être généré de manière régulière par l’entreprise, par conséquent, on ne peut pas l’intégrer dans les flux de trésorerie d’exploitation.

  • Méthodologie d’établissement des données financières prévisionnelles

Le niveau du chiffre d’affaires prévisionnel et du taux de marge doit être cohérent par rapport à l’historique de l’entreprise et du secteur.

Les impacts financiers des facteurs externes (opportunités, menaces du secteur) à l’entreprise doivent être pris en compte.

  • Pondération des méthodes d’évaluation adoptées lors de l’obtention de la valeur finale

De manière générale, la méthode patrimoniale représente la valeur plancher de l’entreprise, alors qu’en revanche, la méthode des flux de trésorerie actualisés permet d’obtenir la valeur la plus élevée.

La valorisation finale de l’entreprise devant être comprise entre la méthode patrimoniale, et la méthode des flux de trésorerie actualisés.

  • Revue des calculs menés dans le cadre des différentes méthodes d’évaluation

Méthode patrimoniale : On attention particulière doit être porté à la valorisation du fonds de commerce, qui peut être difficile à évaluer. En général, l’évaluation est menée à partir d’un multiple du chiffre d’affaires, cependant, cette méthode ne prend pas en compte la rentabilité dégagée, ainsi, il est préférable d’opter pour un multiple de l’EBE.

Sur cette thématique, il existe de la documentation tel que le Mémento pratique Francis Lefebvre.

La fiscalité latente relative aux plus ou moins-value constatée sur les actifs de l’entreprise doit venir diminuer la valeur de l’entreprise.

Les distributions de dividendes à venir doivent être retranchés du résultat obtenu.

Méthode comparable : Il convient de prendre connaissance de l’échantillon de valeurs comparés, et de vérifier son homogénéité avec l’entreprise évaluée. Par ailleurs, en présence de différence, l’évaluateur doit mener des retraitements.

Méthode des flux de trésorerie actualisés (DCF) : La valorisation de l’entreprise dans le cadre de la méthode DCF est fortement influencés par le taux d’actualisation, et le taux de croissance à l’infini utilisé dans le cadre de la valeur terminale. Elle est également influencée par les flux de trésorerie prévisionnels.

Lors de l’utilisation, il est recommandé de demander un test de sensibilité aux différents facteurs tel que le taux d’actualisation, et le taux de croissance à l’infini.

Le choix de la valeur d’entreprise

Lors de la fixation de la valeur d’entreprise, il convient de prendre en compte le résultat des trois méthodes exposées précedemment.

La valeur d’entreprise doit être a minima égale à la valorisation issue de la méthode patrimoniale, puisque cette valeur n’intègre pas les perspectives d’avenir de l’entreprise.

On observe qu’en général, la valorisation issue de la méthode des flux de trésorerie actualisés (DCF) est la plus élevée.

L’idéal est de retenir une valeur d’entreprise qui soit dans la fourchette haute des méthodes patrimoniales et comparables, et dans la fourchette basse de la méthode des flux de trésorerie actualisés (DCF). La valeur ainsi obtenue est confirmée par les trois méthodes, tout en permettant d’intégrer les perspectives d’avenir de la société.

Il faut éviter de retenir une valeur d’entreprise qui correspond à la moyenne des méthodes employées, car cela revient à mélanger les méthodes sans approche logique.

Les arguments pour défendre une valeur d’entreprise

Lors de la négociation portant sur la valeur d’entreprise, l’acquéreur va chercher à obtenir une diminution du prix de vente. En tant que vendeur, il faut lui démontrer que la valeur d’entreprise est :

  • conforme aux pratiques du marché,
  • qu’elle lui assure un retour sur investissement satisfaisant,

Les acquisitions d’entreprise ayant souvent lieu à crédit, il convient de rassurer l’acquéreur quant à sa capacité de rembourser son emprunt à l’aide de la capacité d’autofinancement (CAF) de l’entreprise.

On peut à cet effet convertir la valeur d’entreprise en nombre d’année de CAF prévisionnelle de l’entreprise.

  • que le risque d’exploitation (risque de déficit) est maîtrisé,

Le risque d’exploitation, qui se calcule par le ratio charges fixes divisé par marge sur coût variable.

  • les risques liés au secteur, ou que les faiblesses internes de l’entreprise peuvent être maitrisé à un coût financier raisonnable.